Le haut moyen age
Sanche III le Grand (1000-1035) contrôle Burgos, la Rioja, la Navarre, Gipuzkoa et Bizkaia, mais son royaume englobe aussi Araba. En 1157, García V de Navarre, dit le Restaurateur, rétablit l'indépendance de la Navarre après 58 ans d'union avec le royaume d'Aragon. Dix ans plus tard, dans un document que signe le roi de Pampelune Sanche V le Sage, l'euskara est dénommé lingua navarrorum (langue des Navarrais). Dans la Vasconia chrétienne et monolingue, la langue majoritaire est le basque, quoique les scribes et les élites utiliseront le latin et, plus tard, le romance. Au XIe siècle, un moine de San Millán de la Cogolla annote en langue basque les Gloses émiliennes.
70. Sanche III le Grand. 71. Pèlerin à Saint-Jacques-de-Compostelle. 72.…et en les écoutant parler on croit entendre des chiens aboyer,
tant ils parlent une langue barbare. En 1160, le moine français
Aymeric Picaud, pèlerin sur le chemin de St. Jean de Compostelle,
décrit les bascophones en ces termes peu flatteurs, et recueille une
vingtaine de mots en langue basque d'une valeur inestimable. 73. L'archéologie, l'anthropologie et la toponymie font la preuve de la
parenté entre les peuples pyrénéens et les Basques d'aujourd'hui, localisés
à l'extrémité des Pyrénées occidentales après des siècles de dissensions
politiques. Les caractères propres à la population du Haut Aragon
et des régions pyrénéennes de Catalogne, l'organisation sociale traditionnelle,
les croyances et célébrations populaires, gardent des similitudes
qui n'ont pu s'effacer. La toponymie elle aussi est révélatrice : Javierre,
Arro, Esterri, Gerri, Isabarre, Sorre, Escalarre, Val d'Aran, Isobol en Cerdagne,
Pla de la Muga et la rivière Muga dans la région de l'Ampourdan. 74. Arrano, sur document de Sanche le Fort. 75. Sanche le Fort (1194-1234) sera une figure clé pendant son règne,
particulièrement pour ses campagnes militaires et les relations qu'il noue
avec d'autres royaumes en pratiquant une habile politique d'alliances. Il
commanda la Bible de Pampelune à Ferrando Petri de Funes, qui la réalise
vers l'an 1200, enrichie de 976 illustrations décrivant l'univers connu
sous forme de scènes de la vie quotidienne du royaume de Navarre. 76. Dans la Vasconia chrétienne et monolingue, dont la langue naturelle,
majoritaire à l'époque, était le basque, cohabitent également le
romance – dans une petite portion de son territoire - et le latin des
minorités de lettrés. La langue universelle de l'église dérivant plus
tard vers les langues romances en tant que langues de l'administra-
tion et la littérature. Le basque devra attendre le XVIe siècle pour que
commence sa marche en avant en tant que langue écrite, si l'on
excepte quelques annotations et signes toponymiques. 77. Les scribes utilisaient la langue romance pour écrire, quoique la
langue d'usage quotidien fût le basque. Les premières phrases écrites
du XIe siècle que l'on connaisse en euskara : les gloses découvertes
dans le monastère de San Millán de la Cogolla (en Rioja actuelle), où
furent trouvées aussi les premiers écrits en langue romance castillane.
Les Gloses émiliennes sont de brèves annotations, parmi lesquelles la
31 et la 42 disent jzioqui dugu guec ...ajutu ez dugu. 78. Aux XIIe et XIIIe siècles, navarrais équivalait à euskaldun (bascophone),
comme on voit dans un acte de bon voisinage portant sur
des terrains délimités pour le pacage, dans lequel les chefs des bergers
sont nommés en lingua navarrorum (1167). Le nom des habitants
de la Navarre possédait aussi des connotations linguistiques
dans des textes octroyant le fuero à des villes. Des siècles plus tard,
dans le Fuero General, les mots navarro et vascongado feront leur
apparition comme termes synonymes. (Roldan Jimeno). 79. Livre des armoiries du Royaume de Navarre. 80. Représentation de Berenguela et Richar I 81. A compter de 1240, pendant près d'un siècle et demi, en Navarre
et au Gipuzkoa, on utilise aussi la langue d'Oc, dans les documents
légaux et officiels. A partir de 1270 également, en Béarn et probablement
en Aquitaine, du temps des ducs anglais. Richard Coeur de
Lion, roi d'Angleterre, épouse Berenguela, soeur de Sanche le Fort.
Richard Ier était à la fois Duc de Normandie et d'Aquitaine. A ce dernier
duché appartenaient alors le Labourd et la Soule. Sur le blason,
les armes de la couronne d'Angleterre. 82. D'abondants vestiges de chants épiques ont perduré qui narrent
ces lointaines batailles (1321-1471) : Beotibar, Akondia, Urrixola,
Aramaio, Arrasate, Mungia, Bereterretxen Kanthoria. 83. L'information sur le basque médiéval est rare et fragmentaire, et
la partie principale vient de la toponymie et de l'anthroponymie, si
l'on excepte quelques rares mots (termes juridiques du Fuero General
de Navarre) et quelques phrases courtes. 84. En 1394, à Huesca sont promulguées des ordonnances municipales
qui obligent dans la pratique à parler en Aragonais ou langue
romane parlée en Aragon : On interdit de la sorte l'usage de l'ara-
be (algaravia), de l'hébreu (abraych) et de l'euskara (basquenç) sur
le marché de Huesca sous peine d'amende de 30 sols. 85. Chevalier lors d'une joute, portant ses couleurs, qui sont celles
du blason d'armes de la Vallée de Baztan. 86. L'euskara médiéval, qui a prospéré aux XI-XVe siècle, se fonde pour
l'essentiel sur des sources documentaires monastiques. En 1239, Ferdinand
III dit le Saint, roi de Castille, autorise les habitants d'Ojacastro
(Rioja) à parler le basque. En 1385, dans le registre de l'impôt du Béarn,
nombreuses sont les maisons de la vallée d'Uhaitz qui portent un nom
gascon et un autre en euskara. En 1415, un fonctionnaire de la Hacienda
Real de Pampelune et un second de Saint-Jean-Pied-de-Port (Donibane
Garazi) entretiennent des relations épistolaires en euskara. 87. Cachet de cire de Diego Lope de Haro. Seigneur de Bizkaia. 88. erdinand II d'Aragon, dit Ferdinand le Catholique, envoie le
duc d'Albe conquérir la Navarre à la tête d'une puissante armée. A
l'été 1512, les troupes des couronnes de Castille et Aragon commencent
l'invasion qui durera jusqu'en 1530. Plusieurs siècles de
harcèlement du royaume se terminent. C'en est fini de la souveraineté
du territoire péninsulaire de langue basque.