Origines
Voici près de 35.000 ans Homo sapiens arrivait dans cette partie de
l'Europe. Il allait cohabiter pendant près de 8.000 ans avec une autre
espèce humaine, Homo neanderthalensis. Cette dernière finissant par
s'éteindre. Aux temps de la glaciation, les rangs de ces groupes qui
occupent la partie occidentale de l'Europe se font plus clairsemés sous
l'effet des rigueurs du climat. Le golfe de Biscaye devient alors le refuge
autour duquel ils se réunissent.
Les peuples indo-européens commencent à s'établir en Europe un peu
plus de 5.000 ans BP, mais les chercheurs s'accordent pour reconnaître
que la langue basque est antérieure à leur venue.
34. A la fin de la dernière glaciation, voici 11.500 ans, les groupes
humains qui avaient résisté dans le refuge dit franco-cantabrique entament des migrations, qui les conduiront à repeupler les territoires libérés
des glaces de l'Europe Atlantique, jusqu'en Scandinavie et dans les
actuelles îles britanniques. Des linguistes comme Theo Venneman ou
Elisabeh Hamel, et des généticiens comme Peter Forster et Stephen
Oppenheimer, se retrouvent sur cette ligne de recherche. 35. Diverses études génétiques des lignages fondateurs européens révèlent
que les Basques possèdent la plus forte proportion de lignages
maternels d'origine paléolithique en Europe. De plus, la composante
néolithique a été estimée parmi les plus faibles du continent. On remarque
également l'absence de lignages maternels asiatiques et africains
parmi les Basques. En résumé, les Basques possèdent une composante
majoritaire de lignages maternels paléolithiques, notablement supérieure
à celle d'autres populations du continent européen. 36. On donne à Homo sapiens dans cette partie de l'Europe occupée
initialement le nom de Cro-Magnon, qui serait un développement
d'une sous-espèce d'Homo sapiens. 37. Cro-Magnon devait disposer d'une plus grande capacité pour le
langage, en raison de son appareil phonateur mais aussi du cerveau,
apte à la pensée symbolique ainsi qu'à l'expression de formes
–outils- et de représentations picturales. On trouve dans toute cette
région d'extraordinaires représentations d'art pariétal et d'art mobilier
sur des sites comme Altamira, Isturitz, Aitzpitarte, Altxerri,
Ekain, Lascaux, Santimamiñe ou Praileaitz I. 38. D'après les recherches en génétique de Luigi Luca Cavalli-
Sforza (Université de Stanford, Etats-Unis, 1991), quand l'agricultu-
re commença, il y a 9.000 ans, dans le Croissant fertile au moyen
orient, la population se distribua dans toutes les directions. Cette
cartographie nous indique qu'en Europe, ces migrations passèrent
le long de la montagneuse région basque, voici près de 5.000 ans.
Où un peuple établi depuis 35.000 ans résista apparemment à se
mêler aux nouveaux venus. 39. Hache en pierre de Idotzin, Navarre, datée 5.000 ans B.P. 40. Dolmen de Sorginetxe. Opakua (Araba). A l'âge du Bronze et à
l'âge du Fer, plusieurs cultures cohabitent en Euskal Herria; en premier
lieu celle du peuple indigène, ces tribus basques que décrivent
les chroniqueurs romains, avec d'autres qui éventuellement les
influencent par le biais du commerce, ou de migrations qui continueront
à déferler au cours des siècles. 41. Hache en bronze 3.000 ans B.P. Arre (Navarre). 42. Cromlech pyrénéen ou mairubaratza, à Okabe (Basse-Navarre).
Dans le fond, le mont Orhy. 43. Dans le massif d'Aralar, au Gipuzkoa et en Navarre, on trouve
l'un des lieux du pays qui compte le plus de monuments mégalithiques.
La mythologie basque situe dans cette zone nombre de ses êtres
mythologiques : Mari, Herensuge, Basajaun, Tartalo, gentils et iratxoak.
A l'image des déesses du Néolithique, Mari en est la figure de
proue, au point que les chercheurs la considèrent comme la personnification
de la Mère-Terre, Ama Lur. 44. Plan du Cromlech de Mulisko gaina (Hernani-Urnieta, Gipuzkoa). 45. La langue basque résiste à l'expansion des peuples indo-européens
– entre le IIIe et le IIe millénaire av. J.-C.– par l'Europe actuelle.
On en trouve la trace dans la toponymie de pays aussi différents
que l'Allemagne, l'Angleterre, l'Ecosse, la France, l'Irlande, l'Espagne,
l'Italie ou la Sardaigne. Plus tard, ces vagues de Germains, Slaves,
Grecs ou Italiens, déferleront en Europe atlantique recouvrant la population
indigène et, dans certains cas, la diluant. 46. Pièces d'Axtroki, Bolibar de Eskoriatza, (Gipuzkoa), identifiées
comme appartenant à la culture de Hallstatt, à la fin de l'âge du
Bronze et aux débuts de l'âge du Fer (VIIIe-VIIe av.J.-C.). 47. Bracelet en verre de typologie celte, du village de l'âge du Fer
de Basagain (Anoeta, Gipuzkoa). Hérodote (Ve siècle av. J.-C) fait
état pour la première fois des keltoï (celtes), les situant 2.500 ans
en arrière aux sources du Danube, sous les Pyrénées. Plus tard,
Jules César au Ier siècle relate que les Celtes habitent le sud de la
Gaule. Les divinités celtes Deba et Arno sont présentes, également,
dans la toponymie du pays. Cependant, la trace du mythe celte et
sa relation avec les Basques nécessite un complément de recherche
de la part de l'archéologie, de la linguistique et de la génétique. 48. Deniers d'argent d'époque ibère de la maison des monnaies de
Baskunes ou Barskunes, près de Pampelune (IIe-Ier siècles av. J.-C).