L' Histoire
L'entrée dans l'Ère nouvelle trouve la terre de l'euskara ancrée dans la zone d'influence de l'Empire romain. L'euskara qui, avant l'arrivée des indo-européens, aurait été la langue des premiers occupants de l'Europe, est aussi la seule langue préromaine à survivre au latin dans la zone envahie par Rome. A partir du Ve siècle, et profitant du déclin de la domination romaine, les Vascons tiennent la dragée haute aux peuples Wisigoths qui cherchent à contrôler la vallée de l'Ebre; plus tard, aux Francs, établis en Aquitania. Après la domination de Rome, l'euskara va se renforcer pour atteindre, des siècles plus tard (en l'an 1000), son expansion territoriale maximum.
49. D'aucuns parmi les spécialistes sont tentés d'assimiler le protobasque
à l'aquitain ou aquitanien, tandis que pour d'autres, il s'a-
git également de l'ancienne langue européenne. Ayant mené des
recherches sur l'origine des toponymes européens, ils établissent un
lien entre la langue basque et celle des populations préhistoriques
d'Europe, une sorte vaste substrat pré-indoeuropéen. Ces thèses
parlent d'une langue commune, ou de familles de langues ayant un
tronc commun, apparentées au basque, parlées alors dans une partie
de l'Europe. Le proto-basque dans ces conditions ne serait que
la langue employée par les premiers habitants de l'Europe. Aux
temps de la guerre des Gaules relatée par Jules César (58-51 av. J.-
C.), ses limites devaient se situer au nord, sur la Garonne, au nord
de Bordeaux et à l'Est de Toulouse, sur l'Ebre moyen par le sud. 50. Légionnaire et trompette romains, Ier siècle. 51. Dans les premiers siècles de l'Ère nouvelle, l'euskara apparaît
sur des pierres d'autel et des stèles de l'époque de contact avec la
culture romaine. Stèle funéraire de Lerga (Navarre) datant du Ier siècle,
portant des anthroponymes indigènes. 52. Murailles de Pampelune. 53. Pompée fonde la cité de de Pampelune (Pompelon) en 75 av. J.-C. 54. Sur le site de fouille romain d'Iruña-Veleia (Araba), on a mis au
jour en 2005 et 2006, 400 graphites datés de la période du IIe-Ve
siècles, dont 50 contenaient des mots et phrases en basque (ata,
ama, neba; zuri, urdin, gorri; lura, sua; egin, ian, lo). Si l'authenti-
cité en était confirmée, cela voudrait dire qu'il y eut bien un début
d'alphabétisation en basque à cette époque. 55. En l'an 400, les troupes vasco-romaines défont les Vandales. En
409, Suèves, Vandales et Alains pénètrent dans la péninsule ibérique
en franchissant les Pyrénées. Rome perd sa province d'Aqui-
tania et les Wisigoths échouent systématiquement dans leur tentative
visant à dominer les territoires basques. 56. L'euskara est la seule langue préromaine qui survive au latin
dans la zone envahie par Rome. En dépit de la grande influence du
latin médiéval, du latin classique et du latin d'église, et après les
langues romances, la langue basque a maintenu sa propre physionomie
après deux millénaires. 57. Guerrier Wisigoth. 58. Eléments de la tenue de guerriers vascons au VIe siècle : boucle de
Buzaga (Navarre) et francisque –hache de combat– de Aldaieta (Araba). 59. En 449, le roi suève Recared attaque les Vascons pour chercher
à s'assurer le contrôle de la vallée de l'Ebre, sans y parvenir. En 507,
les Wisigoths sont déplacés d'Aquitania par les Francs, les tribus
germaniques de l'ouest. Les territoires basques sont pris en tenaille
entre deux royaumes : les Francs au nord sur la Garonne, et les
Wisigoths au sud, sur l'Ebre. En 581, les uns et les autres attaquent
Vasconia sans succès. Les Francs, qui lancent une seconde attaque
en 587, sont défaits par les Vascons dans les plaines d'Aquitania. 60. Les Francs créent plus tard les Marches, sortes de zones tampon
visant à éviter la pénétration d'autres envahisseurs. Le duché de
Vasconia au départ est une marche franque au VIIe siècle, visant à
protéger la frontière aquitaine des Vascons. 61. Invasion musulmane de la péninsule ibérique (711) et conquête
de son royaume wisigoth. 62. Il est probable que la structure idiomatique du basque, différente
en tous points des langues voisines, ait facilité sa survie, empêchant
son absorption par les langues romances ou celtibères. 63. L'empereur Charlemagne. 64. Les Vascons se battent contre les Francs à diverses reprises. La
plus célèbre bataille a lieu en 778, quand ils défont Charlemagne à Orreaga-Roncevaux. Ils mettent en déroute l'arrière-garde de son
armée, tuent Roland et douze pairs du royaume. 65. Le royaume de Pampelune s'établit vers 824, avec Iñigo Arista.
Pour se convertir, par la suite, en royaume de Navarre, de part et
d'autres des Pyrénées et sur les bords du golfe de Gascogne. 66. Guerrier franc. 67. Dans la tranquillité du scriptorium monastique ou royal où s'e-
xercent les savoirs du monde chrétien dominé par le latin, l'euska-
ra est considéré rusticum vocabulum (1045), lingua vulgaris. La
majorité de la population vit, pour sa part, dans un univers monolingue
- celui de la langue basque. En ces termes le relate le chroniqueur
musulman, Al-Himyari, lequel dépeint en 924 un univers
constitué de hautes montagnes et de vallées profondes, où vivaient
des gens pauvres, sous-alimentés, et qui parlaient une langue
incompréhensible (le basque ou bashkunis). 68. La dynastie basque-muladi des Banu Qasi contrôle la haute
vallée de l'Ebre au IXe siècle: Garzia semeno (fils de Garcés), ou
García Ximenez. Carcia I Ximenez, Duc de Gascogne, de 816 à 818. 69. Les frontières du royaume avec les Musulmans et les Francs se
consolident vers 905. On situe aux alentours de l'an 1.000 l'exten-
sion maximale du royaume de Navarre, dont la population parle
majoritairement le basque. Sanche III le Grand (1000-1035) règne
alors sur tout le sud des Pyrénées, qui s'étend de Burgos et l'actue-
lle Cantabrie à l'Aragon.