Modes de construction. À clin et à franc-bord
Sur nos côtes, les coques à clin de l’Atlantique commencent à
être remplacées par les coques à franc-bord à l’aube de la
Re-naissance. Les deux techniques de construction sont conceptuellement
opposées. Tandis qu’une coque assemblée à
clin fait se superposer les bordés ou clins de manière à former
le bordé extérieur de la coque, en la dotant par la suite de sa
structure interne, la coque à franc-bord qui a perduré jusqu’à
nos jours commence par la construction du squelette qui sera
ensuite re-couvert de bordés soigneusement ajustés entre eux,
reliés par les chants, ou à franc-bord. Les deux techniques présentent
avantages et inconvénients. L’intérêt principal de la
construction à clin tient à la possibilité d’utiliser du bois récemment
abattu ou vert pour construire la coque, sans compromettre
l’étanchéité de celle-ci. Sur les coques à franc-bord, une
charpen-te préétablie donnant une idée beaucoup plus précise
de la forme du bateau permet d’optimiser la capacité de charge.
Ce facteur se révélait particulièrement intéressant pour les
nouvelles routes des Indes et de Terre-Neuve.
102. Modèle de la lancha du Consulat de San Sebastian. Une coque
à clin ou “bordé premier” est facilement repérable; les virures superposées offrent un relief visible à distance. Les petites embarcations
officielles et militaires étaient souvent construites à clin parce qu’il
fallait les garder fréquemment au sec. Il était ainsi beaucoup plus
facile de les mettre à l’eau sans risquer des problèmes d’étanchéité.
Réplique d’un potina, navire traditionnel de pêche du XIXe siècle
construit par l’association Albaola. La construction à franc-bord dans les
chantiers basques se développe véritablement à la Renaissance. Cette
tech-nique qui remplace la construction à clin va perdurer jusqu’à nos
jours. © José Lopez
Outils à calfater; pour introduire l’étoupe entre les bordages
à franc-bord. © José Lopez
Outils à calfater; pour introduire l’étoupe entre les bordages
à franc-bord. © José Lopez
A franc-bord. Il est important que le bois pour construire une
coque à franc-bord soit relativement sec. Avant la mise à l’eau, les
coutures entre les bordages sont garnies de fibres végétales; dans
l’eau, de la sorte, l’expansion du bois en se mouillant garantira
l’étanchéité de la coque. La coque à franc-bord offre pour avantage
de glisser doucement et discrètement sur l’eau. © José Lopez
A clins. Les virures de la coque étant superposées peuvent être
plus minces. On obtient ainsi une embarcation légère. De plus, on
peut employer dans sa construction du bois vert ou récemment
coupé. Toutefois, le relief de la coque entraîne des turbulences pendant
la navigation, perceptibles en raison de leur bruit caractéristique.
Outre qu’elles jouaient sur le comportement hydrodynamique
du bateau, ces turbulences pouvaient signaler sa présence parmi
certaines espèces à capturer, comme la baleine. © José Lopez
Modèle de la lancha du Consulat de San Sebastian. Une coque
à clin ou “bordé premier” est facilement repérable; les virures supersuperposées
offrent un relief visible à distance. Les petites embarcations
officielles et militaires étaient souvent construites à clin parce qu’il
fallait les garder fréquemment au sec. Il était ainsi beaucoup plus
facile de les mettre à l’eau sans risquer des problèmes d’étanchéité. © José Lopez
L’épave d’Urbieta. Il s’agit d’une pinasse destinée au cabotage de minerai de fer de la seconde partie du XVe siècle, mise au jour à Gernika. Entièrement construit à clin, ce bateau correspond à la période qui marque la fin de cette technologie. Elle disparaîtra au siècle suivant, pour être remplacée par la coque à franc-bord. © José Lopez
Débit d’une pièce de bordage en suivant les cernes annuels, à
Aezkoa. © José Lopez
Scène de la Bible de Pampelune (1194) de Sanche Le Fort.
(Manuscrit Harburg-Oettinghen). L’emploi de la hache par les charpentiers
de marine est associé à une période où l’on n’employait
pas la scie pour façonner les bordages. La technique consistait à
ouvrir les troncs en insérant des coins, d’abord à l’aide de maillets,
pour couper les troncs et les débiter tangentiellement par rapport
aux cernes du bois, à la hache. Enfin, on bûchait à l’herminette. © José Lopez
Hache basque, fabriquée par la famille Erbiti à Leitza
(Navarre). © José Lopez