Traînière de competition
Le pêcheur basque a fait un sport de son travail. Depuis des
siècles, les équipages se sont mesurés entre eux à l’occasion de
joutes à coup d’aviron. Quand le bateau à vapeur fait disparaître
la traînière de pêche, celle-ci continue à exister, mais
exclusivement réservée aux régates. Au départ, la traînière de
compétition ne diffère pas de la traînière de pêche. Mais elle
commence à évoluer dans la mesure où elle échappe aux
rigueurs de la pêche et de la propulsion à voile. Elle conservera
jusqu’à ce jour son profil caractéristique et sa longueur de 12
mètres; cependant, la section, tout en maintenant la largeur, se
stylisera jusqu’à la limite de la stabilité. Mais surtout, elle
s’allègera, passant d’environ 800 kg à l’origine aux 200 kg
actuels déterminés par le règlement. Depuis les années 1990, la
traditionnelle construction en bois a été remplacée par la fibre
de carbone.
Bixente Elizondo dans son atelier d’Ortzaika, travaillant à la
construction d’une trainerilla. Les traînières de compétition étaient
réalisées en bois jusqu’au début des années 1990. Quoique leurs
résultats fussent excellents, leur vie utile ne dépassait pas trois ans de
haute compétition en raison de leur poids excessivement léger imposé
par le règlement, qui situe la limite de poids minimum à deux
cents kilos, soit environ cinq fois moins que le poids de tout
l’équipage. © José Lopez
Traînière de pêche dont une partie de la structure des membrures
est visible à l’oeil nu. © José Lopez
Régate. Traînière d’Elantxobe. L’aviron de compétition traditionnel
tel qu’il est pratiqué en pays basque est un sport exigeant. Les
traînières sont des embarcations extrêmement sophistiquées, et les
équipages très entraînés. Le parcours classique de régate en pleine
mer atteint les trois milles nautiques. Distance que les traînières mettent
un peu moins de vingt minutes à couvrir, à une vitesse moyenne
de neuf noeuds. Avec des pointes pouvant atteindre douze noeuds au
moment du départ. © José Lopez
Les traînières en bois ont été remplacées par les traînières en
fibre de carbone. L’avantage des traînières en fibre de carbone sur
les traînières en bois ne tient pas tant à la plus grande légèreté du
matériau qu’à une plus grande rigidité structurelle par rapport aux
secondes, qui allonge considérablement leur vie utile. © José Lopez
Proue d’une traînière en fibre. La Sanpedrotarra de Pasaia. © José Lopez
Huile de Manuel Losada, représentant une régate de traînières
dans l’estuaire de la ria de Gernika. La joute rassemble des
traînières de pêche, à une époque où l’équipage était exclusivement
composé de pêcheurs.
Plan de formes d’une traînière de 1935, de Clemente Goldaracena. © José Lopez
L’évolution du dessin de la traînière de compétition a affecté
principalement la forme de sa section, ou membrures. Nous pouvons
apprécier la différence marquée entre la forme de la traînière de
pêche du XIXe siècle et de la traînière de compétition actuelle. © José Lopez
Traînière en fibre de carbone construite par les chantiers Amilibia,
à Orio. Les bons résultats obtenus dans le domaine des régates
par les nouvelles traînières au carbone ouvrirent rapidement la voie
à cette technologie. On ne tarda pas à voir les embarcations construites
par Amilibia prendre le pas sur les autres. La clé de son succès fut
de doter les oeuvres mortes de formes pleines qui rappellent, d’une
certaine manière, les anciennes embarcations de pêche. Par ailleurs,
la longévité des traînières modernes et l’impossibilité de modifier le
moule employé dans sa construction ont ralenti l’évolution au niveau
des formes qui se produisait pour les traînières en bois. © José Lopez