L'Arbre au navier
La structure d’un bateau se compose d’une infinité de pièces
structurelles qui offrent un large éventail de formes. Cependant,
ces formes il fallait les chercher sur les arbres; on devait trouver
la branche, le tronc ou la racine qui imiterait naturellement la
forme de la pièce de charpente en question. De la longue quille
rectiligne qui constitue l’épine dorsale du bateau aux courbures
nécessaires pour assurer la liaison du pont avec la coque, il fallait
trouver des bois dont la veine épouserait fidèlement les contours
du gabarit du charpentier de marine. Il n’y avait pas d’autre
moyen de garantir la robustesse nécessaire des bateaux, inlassablement
soumis à la force du vent et de la mer. Or, les formes
naturelles ne sont pas aussi fréquentes. Mais nécessité faisant loi.
La forte demande des chantiers navals basques obligeait à cultiver
les arbres en guidant les formes des branches de chênes
jeunes et flexibles pour en faire de futures pièces de charpente.
Le bois destiné à la construction navale, de chêne principalement,
était abattu dans le dernier croissant de lune, entre octobre et
janvier. C’est la période pendant laquelle le tronc contient le moins de
sève. On obtenait de la sorte un bois notablement plus résistant à la
pourriture. © José Lopez
Les chênes têtards étaient manipulés pour offrir les formes
navales souhaitées. La base de la branche que l’on observe à gauche
devait offrir une robuste équerre pouvant servir de liaison entre
l’étambot et la quille. La partie supérieure, de forme droite, pouvait
servir à fabriquer l’un des baux sur lesquels reposerait le pont. © José Lopez
Beaucoup des bois de marine étaient équarris dans la forêt
pour mieux faciliter leur transport jusqu’aux chantiers navals. Ce
travail se réalisait à l’herminette. © José Lopez
Moment où les archéologues de Parcs Canada mettent au jour
le talon d’étambot lors des fouilles sous-marines visant à retrouver
le San Juan, de Pasaia, coulé en 1565 à Red Bay, Labrador. © José Lopez
Ces fourcats deviendraient les varangues installées sur les extrémités
de la quille, pour constituer les pinces de la proue ou de la
poupe. Les pièces proviennent des bois courbants à la bifurcation des
branches avec le tronc. © José Lopez
Les genoux font partie des couples, ou membrures du bateau.
Sur les nefs, las couples étaient formés de deux membres symétriques
comportant varangues, genoux, estaminaires et jambettes. © José Lopez
Le San Juan. Finalement, le bois tors du chêne est arrivé à destination
et placé sur la structure du bateau. Cette pièce devait être
soigneusement sélectionnée afin de supporter les fortes tensions auxquelles elle serait soumise. Sachant qu’elle était très proche du
gouvernail et servait de liaison entre des pièces importantes de la
structure. © José Lopez