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Bertan > Bertan 17 Erromatar garaia > Frantses bertsioa: Les transformations

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Les transformations

60. Dans la reconstitution de l'image de la civitas d'Oiasso, perspective, et vue en plan, les édifices se distribuent de manière régulière, suivant un plan réticulaire.
60. Dans la reconstitution de l'image de la civitas d'Oiasso, perspective, et vue en plan, les édifices se distribuent de manière régulière, suivant un plan réticulaire.
59. Briques et tuiles comme celles retrouvées dans le port d'Oiasso se sont généralisés dans les matériaux de construction du fait de leur faible coût et de leurs bons résultats.© Xabi Otero
59. Briques et tuiles comme celles retrouvées dans le port d'Oiasso se sont généralisés dans les matériaux de construction du fait de leur faible coût et de leurs bons résultats.© Xabi Otero
61. Sur la frontière d'Ecosse prit ses quartiers la cohors I Vardollorum, une force de choc formée -en théorie- par mille hommes, 760 fantassins et 240 cavaliers recrutés à l'origine parmi les Vardules© Xabi Otero
61. Sur la frontière d'Ecosse prit ses quartiers la cohors I Vardollorum, une force de choc formée -en théorie- par mille hommes, 760 fantassins et 240 cavaliers recrutés à l'origine parmi les Vardules© Xabi Otero

Si l'on ne constate pas un intérêt spécial de la part des romains pour l'espace guipuzcoan, hormis pour ce qui touche à l'exploitation de ses ressources minières, la fourniture de soldats pour ses armées, le recouvrement des taxes ou les voies de communication, maritimes et terrestres, il faut admettre que l'intégration dans ses domaines apporta en soi des changements substantiels dans les habitudes d'une partie de ses habitants. On le vérifie surtout dans les zones dans lesquelles des modes de vie urbains furent instaurés. De fait, les villes peuvent être considérées comme les principaux agents de transmission des modèles romains, dans la mesure où l'on y trouvait centralisées les fonctions qui permettaient de garder opérationnelle la trame administrative établie par les dominateurs.

62. Avers et revers d'un même carreau de terre cuite.© Xabi Otero
62. Avers et revers d'un même carreau de terre cuite.© Xabi Otero

Les chercheurs s'accordent sur un point, en ce qui concerne les régions septentrionales d'Ibérie, à savoir que les indigènes enrôlés dans les troupes légionnaires, une fois licenciés -au bout de 25 ans de service- ont contribué au développement de la vie urbaine de leurs lieux d'origine. Compte tenu de la présence de nombre de soldats vardules et vascons dans les troupes situées en Bretagne ou sur le Rhin, il est très possible qu'ils fussent les protagonistes dans la formalisation de modes de vie urbains dans notre géographie.

63. Dans cette conception de l'aménagement romain du territoire se présente Oiasso (transcrite Ossaron) comme point vers lequel convergent les destinations de diverses chaussées, doté, de plus, d'un symbole distinctif qui fait allusion à un établissement fortifié. Cette catégorie ne se retrouve dans son environnement que pour illustrer les localités de Dax, Saragosse ou Briviesca.© Izagirre, M., (1994). Cartografía antigua y paisajes del Bidasoa
63. Dans cette conception de l'aménagement romain du territoire se présente Oiasso (transcrite Ossaron) comme point vers lequel convergent les destinations de diverses chaussées, doté, de plus, d'un symbole distinctif qui fait allusion à un établissement fortifié. Cette catégorie ne se retrouve dans son environnement que pour illustrer les localités de Dax, Saragosse ou Briviesca.© Izagirre, M., (1994). Cartografía antigua y paisajes del Bidasoa

L'application du modèle urbain romain suppose des changements dans l'architecture, dans l'aménagement de l'ensemble bâti, dans les activités économiques et dans la mentalité des gens. En matière d'architecture, on voit s'étendre l'usage de la brique et de la tuile, des bétons, des mortiers spécialisés et l'on introduit des solutions de construction comme la voûte et l'arc. La construction en bois s'améliore également. On l'utilise assidûment, alors que la pierre est destinée à des édifices significatifs et emblématiques. La forge, avec la fabrication des différents clous et goujons nécessaires, les renforts, les outils de chantier et les finitions participe, également, des modifications, avec le personnel, formé pour réaliser les nouvelles solutions, les fournisseurs de matières premières, les commerçants et les transporteurs.

64. Sur la foi des renseignements recueillis, on attribue à Oiasso quelque 12-15 hectares de superficie.© Arkeolan Ikerketa Zentroa. Irun
64. Sur la foi des renseignements recueillis, on attribue à Oiasso quelque 12-15 hectares de superficie.© Arkeolan Ikerketa Zentroa. Irun

Dans l'aménagement, il est mis en oeuvre des modèles de trame régulière réticulée, articulée autour du réseau de voirie, de la place ou de l'espace public et les terrains lotis pour des constructions. On les ceinturait d'une limite, soit palissade, soit muraille, ce qui accrédite l'existence d'une enceinte différenciée, jouissant de privilèges; avec le temps, il fut nécessaire de fortifier ces limites symboliques afin de faire face aux incursions et aux attaques. Les voies par lesquelles passent les routes de communication qui traversent les établissements sont les rues principales, empierrées -en règle générale. Abandonnant la zone urbaine, ces voies continuent de jouer leur rôle dynamique, servant à la création de faubourgs dans le cas d'une expansion de la localité ou comme élément référentiel pour l'établissement de cimetières. Le forum, espace ouvert flanqué de bâtiments, et de plan rectangulaire, est lieu de la relation sociale, de marché, d'activités publiques et de cérémonies.

Oiasso

65. On a localisé l'une des piscines des thermes, pavée de petites dalles en forme d'épis (opus spicatum).© Xabi Otero
65. On a localisé l'une des piscines des thermes, pavée de petites dalles en forme d'épis (opus spicatum).© Xabi Otero

Par Ilerda (Lérida) et Osca (Huesca) passe la voie qui, de Tarraco (Tarragone), aboutit aux derniers villages vascons implantés non loin de l'Océan, tant dans la région de Pompelon (Pampelune) que dans celle d'Oiason, ville du bord même de l'Océan. Cette voie mesure 2.400 stades et ne va pas au-delà de la frontière entre Aquitaine et Ibérie. Strabon, livre III.4.10. Entre 29 et 7 av. J.-C.

La rivière Magrada ceint Oeason. Pomponius Mela, livre III.1.15. Années 43-44 de notre ère.

La largeur de la péninsule ibérique de Tarragone jusqu'à la côte d'Oiarso est de 307.000 pas. en partant des Pyrénées et en suivant le rivage de l'Océan nous trouvons la forêt (ou le col de montagne) des vascons, Olarso. Pline l'Ancien. Histoire naturelle, livre III.3. 29 et 30. Milieu du Ier siècle.

Parmi les vascons : la ville d'Oiassó et le promontoire Oiassó. Coordonnées: 15º 10'; 45º 05'. 15º 10'; 45º 50'. Ptolomée, Géographie, II.6. Milieu du IIe siècle.

66. Le port tira parti des bonnes conditions de l'estuaire, favorables au trafic des embarcations.© A. Hernandorena, Txantxangorri. Hondarribia
66. Le port tira parti des bonnes conditions de l'estuaire, favorables au trafic des embarcations.© A. Hernandorena, Txantxangorri. Hondarribia

Irun, à l'heure actuelle, est un noeud de communications internationales. Tête de pont pour les connexions entre la péninsule et le continent européen, y aboutissent la ligne ferroviaire qui vient de Madrid et la ligne à voie étroite qui, par tronçons successifs, emprunte le bord de la corniche cantabrique; les réseaux de routes nationales 1 et 240, provenant respectivement de Madrid et Tarragone, la nationale 634 qui se prolonge jusqu'en Galice, l'autoroute A-8, qui conduit à Bilbao et Santander.A ce point se rejoignent les routes pour franchir la Bidassoa et continuer via Hendaye en direction de Bordeaux et Paris, mais aussi vers Toulouse et ses multiples connexions avec la Méditerranée ou le couloir rhodanien, la Suisse, l'Allemagne, l'Italie. Il s'agit, en réalité, du passage occidental de la chaîne montagneuse des Pyrénées, passage naturel qui sert, également, aux oiseaux migrateurs dans leurs déplacements. Irun est, de plus, la légataire d'Oiasso, civitas des vascons et cette relation se retrouve dans son nom, comme il en va pour Pampelune qui s'appelle, également, Iruña ou avec l'ancienne ville de Veleia, la troisième Iruña de la géographie basque. Irun-Iruña et autres Iliberris ou Irunberris qui jalonnent la géographie romaine d'Hispanie et des Gaules (dans la Bétique et dans la Narbonnaise) serait le terme générique sous lequel on désignerait les zones urbaines, les cités, pour les distinguer d'autres catégories de population.

67. A l'origine de Londres, il y eut en premier lieu le pont sur la Tamise, puis, à l'époque flavienne, le port commercial, exploitant la navigabilité de la rivière.© Londreseko Museoa. Milne (1985)
67. A l'origine de Londres, il y eut en premier lieu le pont sur la Tamise, puis, à l'époque flavienne, le port commercial, exploitant la navigabilité de la rivière.© Londreseko Museoa. Milne (1985)

Pendant de longues années, on a cru qu'Oiartzun était la commune sur laquelle se situait Oiasso. Mais les découvertes des trente dernières années ont corrigé cette identification et il n'y a plus d'excuse pour continuer à maintenir cette localisation. D'abord, ce furent des données isolées obtenues dans les années soixante-dix du siècle passé au cap du Figuier et sur la place du Juncal, suivis -un peu plus tardivement- de la découverte du cimetière romain de l'ermitage de Santa Elena. Des années plus tard, dans les années 80, on identifie des exemples de mine romaine dans ses environs et, au début des années quatre-vingt-dix, l'aire portuaire. Toujours dans les mêmes années sont identifiés, enfin, des témoignages de la cité -restes des thermes et de bâtiments résidentiels. Pour autant que l'on sache, la civitas romana se situait dans le quartier historique, dans l'espace compris entre la mairie et la commune de Beraun, dans une zone élevée et entourée, pour l'essentiel, par les eaux de l'estuaire; exploitant cette circonstance s'étendaient à cet endroit les quais d'un port d'une grande vitalité. Les données obtenues lors des fouilles des zones portuaires des rues Santiago et Tadeo Murgia ont servi à déterminer que les quais étaient construits en bois, s'adaptant au relief, accrochés aux flancs de la colline, dans la zone de contact avec les eaux. Les embarcations y remontaient, indépendamment de l'état de la marée. On transportait les marchandises jusqu'aux entrepôts, situés à proximité des quais. Les produits qui s'étaient abîmés au cours du voyage étaient jetés dans les eaux de l'embarcadère. Ce qui, s'ajoutant aux rejets de déchets urbains, acheva de colmater les voies d'accès aux quais. L'établissement urbain couvrait quelque 15 hectares et on lui suppose un plan régulier distribué en rues, pâtés de maisons, bâtiments et espaces publics. Le cimetière s'étendait en dehors des limites de la ville, coïncidant avec une des issues principales de la ville. L'influence de cette civitas atteignait, au moins, les deux rives de l'estuaire, jusqu'à l'embouchure. On connaît des manifestations de cette période dans l'enceinte fortifiée de Fontarabie, à proximité immédiate de la plage d'Ondarraitz (Hendaye), sur le mont San Marcial, au Jaizkibel et au pied du château de San Telmo, dans l'anse du Figuier.

68. A Oiasso, les quais, comme celui de la rue Santiago, furent construits vers les mêmes dates qu'à Londres. On a également connaissance de l'existence d'un pont jeté sur la Bidassoa.© Arkeolan Ikerketa Zentroa. Irun
68. A Oiasso, les quais, comme celui de la rue Santiago, furent construits vers les mêmes dates qu'à Londres. On a également connaissance de l'existence d'un pont jeté sur la Bidassoa.© Arkeolan Ikerketa Zentroa. Irun

Les habitants d'Oiasso jouissaient d'un niveau de vie équivalent à celui d'autres agglomérations urbaines de l'Atlantique. Ils observaient le régime alimentaire imposé par les us et coutumes romaines, les habitudes de toilette, d'habillement et de loisirs; ils partageaient les rites funéraires et les fêtes religieuses; ils connaissaient l'écriture latine et se dédiaient au commerce et à l'artisanat, sans oublier l'extraction minière, la pêche et les activités dérivées de sa situation stratégique dans le réseau des voies. On a récemment découvert les restes d'un pont qui servait à relier les deux rives de la Bidassoa. Ce qui confirme sa condition de noeud de communications dans l'antiquité, mettant en rapport l'Aquitaine et l'Ibérie et distribuant le trafic par le réseau qui confluait à cet endroit, au gré de ses diverses ramifications et orientations. Sa condition portuaire lui confère, par ailleurs, une position importante sur la route de cabotage qui longeait la côte. Ce qui la situe comme référence de premier ordre entre les ports de Bordeaux (Burdigala) et Santander. On doit situer l'âge d'or de la civitas d'Oiasso entre les années 70 et 150 de notre ère.

70. Cette ancre en fer datant des I-IIe siècles fut retrouvée dans le mouillage du Figuier.© Xabi Otero
70. Cette ancre en fer datant des I-IIe siècles fut retrouvée dans le mouillage du Figuier.© Xabi Otero
69. Restes du pont sur la Bidassoa.
69. Restes du pont sur la Bidassoa.
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