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martes 24 diciembre 2024




Bertan > Corsarios y piratas > Versión en francés: Le XVIème siècle

LE XVIÈME SIÈCLE

Le XVIème siècle de notre histoire est dominé par les conflits qui affrontent l'Espagne à la France et à l'Angleterre pour des motifs politiques et religieux: les guerres et les paix successives amorcées par les rois Charles V et Philippe II entre les deux royaumes sont fréquentes, et auront parfois la mer comme cadre.
Les corsaires basques ne seront donc pas étrangers à ces fluctuations: ils y prendront plutôt une part active, soit grâce à leurs lettres de marque, soit en agissant pour leur propre compte.
En règle générale, nous pouvons considérer le XVIème siècle comme le premier siècle où les corsaires basques commencèrent à agir sous une réglementation bien définie et dans lequel nour trouvons de nombreux témoignages.
Canon.
68. Canon. © Joseba Urretabizkaia
Plan du port de La Rochelle. Antonio Lafreri (1580).
69. Plan du port de La Rochelle. Antonio Lafreri (1580) © Joseba Urretabizkaia

Deux précédents

Deux exceptions à ce comportement: Antón de Garay, premier corsaire dont nous avons connaissance, né en Biscaye à la fin du XVème siècle, s'initia comme corsaire dans l'Atlantique, et poursuivit ses équipées sur les côtes du Nouveau Monde. Il subit la peine de mort pour piraterie. Dans le Gipuzkoa, Juan Martinez de Elduayen, ressortissant de Saint Sébastien, faisait de même vers 1480. Il s'empara de trois pinasses d'Hondarribia qui transportaient des marchandises françaises, ce qu'il avait fait "protégé par certaines lettres de marque et par des représailles qu'il disait avoir eues depuis le temps de la guerre". Les Rois Catholiques lui firent remarquer que ces lettres étaient périmées depuis longtemps. Il attaqua ensuite une nef de Bilbao à la hauteur de Saint Sébastien, avec l'aide de sa famille. Ce fait lui valut une autre remontrance de la part des Rois, qui lui otèrent les prises et lui firent signer une amende de quelques écus.
Kheyr-al-Din, connu comme Barberousse.
70. Kheyr-al-Din, connu comme Barberousse, fut le continuateur des incursions de son frère, qui avait le même surnom. Corsaire allié du sultan turc Souleyman, il emprisonna de nombreux marins du Gipuzkoa, qui furent obligés de payer une rançon pour récupérer leur liberté. © Joseba Urretabizkaia
Le retour à Saint Sébastien.
71. Le retour à Saint Sébastien.
© Joseba Urretabizkaia

L'ennemi français

En revenant au temps qui nous occupe, pendant les premières années du XVIème siècle, la France utilisait déjà les lettres de marque comme arme de premier ordre dans sa rivalité contre l'Espagne. Les corsaires et les pirates de La Rochelle se font connaître parmi les marins basques au cours de ce siècle, ce qui n'est que le prélude de la renommée qu'ils atteindraient au siècle suivant. C'est ainsi que le capitaine Martin de Iribas dut attaquer le fameux corsaire de La Rochelle Jean Florin, qui s'était emparé du trésor qu'Hernan Cortés faisait transporter du Mexique en Espagne, en faisant prisonniers ses hommes qu'il emmena ensuite à Cadix.
Les corsaires basques débutent en 1528, lorsque la Couronne espagnole déclara la guerre à la France et à l'Angleterre, et pressa le Gipuzkoa d'armer ses navires corsaires le plus vite possible.
Par suite de cette guerre, les corsaires français et anglais arrivèrent même à intercepter le commerce et la navigation de l'estuaire de Bilbao, comme par exemple en 1536, lorsque les consuls de Bilbao envoyèrent une lettre au magistrat de Bruges pour demander quelques pièces d'artillerie afin de se défendre contre les corsaires français. Les corsaires du Labourd furent les plus importants de tout le Pays Basque; ils opéraient dans toutes les eaux, avec ou sans permission, et ils arrivèrent même à s'immiscer dans le domaine de la piraterie. Les corsaires basco-français les plus renommés de ce siècle furent Duconte, Harismendi et Dolabarantz.
En effet, les hommes du Gipuzkoa s'armèrent et s'emparèrent d'un nombre si élevé de vaisseaux français que ceux du Labourd demandèrent le renouement des anciennes relations d'amitié. On signa donc un accord à Hendaye en 1536 entre les deux parties voisines, qui instaurait une clause très pragmatique selon laquelle les deux parties s'engageaient à ce que, si leurs rois respectifs se déclaraient la guerre, ceux d'entre eux qui recevraient les premiers l'ordre de guerre ou les lettres de marque devraient en aviser rapidement l'autre partie sur ce qu'ils allaient faire.
Au cours de ces guerres contre l'Espagne, la France s'allia aux Turcs qui avaient consolidé à ce moment-là un grand empire, qui jouissaient d'un grand prestige et qui étaient avides d'expansion. Cette alliance eut ses effets dans le contrôle du trafic commercial et dans la suprématie navale en Méditerranée. L'un des chefs des pirates turcs était Barberousse, qui grâce à son alliance avec la France, attaqua les côtes espagnoles en 1530. Les turcs capturèrent des hommes du Gipuzkoa, comme un marin de Deba qu'il fallut racheter en 1533 de l'emprise de Barberousse, ce à quoi contribua sa ville natale en apportant la somme nécessaire.
Cet accord de respect mutuel signé entre voisins allait se rompre quelques années plus tard, en 1553, lorsque Philippe II qui n'était pas encore roi recommenda aux armateurs de Saint Sébastien de partir à la poursuite des navires corsaires du Labourd qui rentraient chez eux après avoir pillé aux Antilles. Cependant, sous le couvert de cette permission, les armateurs continuèrent d'attaquer les nefs françaises, ce qui fait que celles qui transportaient des vivres à la province du Gipuzkoa cessèrent de le faire à cause de ces attaques.
Gravure de 1650 où figure la baie de Ciboure et de Saint Jean de Luz.
72. Gravure de 1650 où figure la baie de Ciboure et de Saint Jean de Luz. © Joseba Urretabizkaia
Exécution du pirate bayonnais Saubat de Gaston à côté de la cathédrale de Bayonne.
73. Exécution du pirate bayonnais Saubat de Gaston à côté de la cathédrale de Bayonne. © Joseba Urretabizkaia

Quatre corsaires de Saint Sébastien

En 1554 quatre capitaines corsaires de Saint Sébastien remontèrent divers fleuves et estuaires français pour s'emparer de navires marchands et pour faire emprisonner les corsaires ennemis.
De ces quatre corsaires, Martin de Cardel, capitaine et transporteur d'eau, pénétra avec six navires à l'intérieur de l'estuaire de Bordeaux et se livra à l'assaut et au pillage des villes des alentours. Il s'empara de quarante-deux grands vaisseaux français remplis de marchandises et d'artillerie et les apporta à Saint Sébastien. Domingo de Albistur s'empara de neuf grands navires français qui venaient de Terreneuve, armés et chargés de morue, après avoir mis en fuite les deux navires de guerre qui devaient les escorter. Il s'empara aussi, avec Pablo de Aramburu, de quarante-neuf navires français chargés de morue et de canons. Domingo de Iturain fut peut-être le plus célèbre des quatre. De la même façon que Garay de Biscaye, déjà cité, il commença par se saisir d'un bateau plus grand et mieux armé que le sien, avec lequel il se livra ensuite au pillage des navires britanniques qui pêchaient en Terreneuve pour s'appropier de leur pêche.
Les attaques des corsaires basques continuèrent de la sorte, jusqu'à ce que la paix avec la France fut signée en 1559, instaurant aussi la paix entre les corsaires.
Amarre.
74. Amarre. © Joseba Urretabizkaia
Les îles de Cuba et Española, La Havane, Saint Jean et Marguerite. Gerardus Mercator (1610)
76. Les îles de Cuba et Española, La Havane, Saint Jean et Marguerite. Gerardus Mercator (1610).
© Joseba Urretabizkaia

La piraterie et les corsaires basco-français

Au cours de la seconde moitié du siècle, les corsaires basco-français se font remarquer pour les faits suivants.
En premier lieu, pendant ces années-là, la piraterie basco-française est établie sur une base systématique et bien ferme grâce à toute une série de normes rigoureuses. A partir de ce moment-là également, la passivité des juges sera évidente.
En second lieu, les Français ne jouent pas franc-jeu avec les corsaires du Gipuzkoa, après la signature de la paix entre les deux royaumes.
En ce sens, il faudrait citer les corsaires de Saint Jean de Luz et de Ciboure, qui vers 1560 commencèrent à déranger les navires du Gipuzkoa dans les ports de Terreneuve, en les expulsant sans leur permettre de pêcher; dès 1559, un écrivain disait des habitants de Saint Jean de Luz qu'ils étaient toujours bien considérés par les rois de France, parce que "ses habitants sont très belliqueux en mer". Comme exemple, le pirate et marchand marin Saubat de Gaston, de Biarritz, qui en 1575 aborda en haute mer des navires et les dévalisa ensuite à l'embouchure de l'Adour; et deux autres pirates, le capitaine Bardin aidé par un certain Motxi, qui firent honneur à leur condition de pirates en saccageant les sujets de leur propre roi.
L'impassibilité de l'Amirauté française devant de tels faits fit intervenir le roi de France, qui ordonna que ces permissions fussent accordées sur paiement d'une caution, et que les différends sur les captures fussent reglés devant l'Amirauté. .

L'ennemi anglais

Mais la France ne fut pas le seul ennemi de l'Espagne. Comme nous l'avons déjà vu, les lettres de marque de 1528 permettant d'armer une nef corsaire affectaient également à l'ennemi anglais, à qui la guerre avait été aussi déclarée.
Mis à part Iturain, déjà cité, ceux qui s'attaquèrent aux Britanniques en temps de guerre furent Anton de Iribertegui, de Getaria, qui occupa un navire anglais en Écosse, et Urbieta, de Orio, qui arriva à Londres comme homme d'équipage d'un navire marchand, s'empara d'un navire anglais, tua tout l'équipage et le vendit, poursuivi par la justice, il dut finalement fuir.
L'Angleterre ouvrit une brèche sur un autre front. La piraterie anglaise augmenta lorsque la reine Elizabeth I monta sur le trône, au moment où l'Espagne reprit la guerre. C'est ainsi que surgit l'affrontement en mer, et le support anglais aux pirates qui attaquent la flotte transportant l'argent en provenance des Indes; les pirates anglais Drake et Hawkins se distinguent pour être les premiers à exporter la lutte des pirates vers les côtes américaines.
Les officiers du Gipuzkoa et de la Couronne espagnole nous ont laissé des récits très vivants sur les actions de ces pirates, comme celle subie par Martin de Olazabal, commandant d'une grande partie de La Havanne pour l'Espagne avec neuf galions remplis de trésors et un convoi de près de soixante navires, et qui fut attaqué par les Anglais.
Le siècle devrait se fermer par la chute de la domination maritime espagnole à cause de la défaite de l'Invincible Armada par l'Angleterre, avec ce que cela supposait pour les Basques. L'une des flottes les plus puissantes du XVIème siècle succombait face à la suprématie navale anglaise.
Même pendant des temps difficiles pour les nôtres, l'hostilité envers l'Angleterre ne cessa jamais, car ce siècle finit avec une épidémie de peste dans la province du Gipuzkoa qui donna l'occasion aux corsaires rochelais de piller les ports du Gipuzkoa et d'emporter toutes les marchandises et même les pêcheurs. Cela suffit pour que les autorités demandent de laisser accoster librement au Gipuzkoa les vaisseaux de toutes les nations excepté les anglais, afin de la ravitailler: "pour que toutes les nations (excepté les anglaises) puissent naviguer librement et débarquer la quantité nécessaire de vivres pour ravitailler la population, car les prix montent tous les jours et on ne trouve pas de quoi manger même avec de fortes sommes d'argent; si les nefs ne pouvaient venir de France, cela entraînerait une grande famine".


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