LA VIE À BORD
L'équipage
Parmi l'équipage d'un grand navire corsaire, la figure principale était le capitaine, qui faisait d'intermédiaire entre les armateurs et les hommes d'équipage. C'était lui qui décidait d'entrer en combat et qui faisait respecter la discipline à bord. Le lieutenant de vaisseau remplaçait le capitaine en cas de maladie ou de mort de ce dernier, et faisait l'un des quarts. Le maître de frégate contrôlait la navigation et administrait les vivres. Le pilote dirigeait la navigation et donnait les ordres aux timoniers. Le contremaître dirigeait les manoeuvres sous les ordres du capitaine et c'est lui qui était le responsable du gréement et de la protection contre les incendies. Le gardien était son assistant; il s'occupait du nettoyage du vaisseau, des petites barques et des mousses. Parmi les marins, il y avait trois catégories: les marins, les mousses et les moussaillons; les deux premiers s'occupaient des voiles et de la navigation en général, et les derniers s'occupaient du nettoyage, des repas, des cordons des cordages et des prières à bord. Il y avait aussi le sous-officier d'artillerie, qui prenait soin de l'artillerie, les artilleurs, les soldats d'abordage, le charpentier, l'aumônier, le greffier et le chirurgien. Il fallait également inclure deux métiers caractéristiques des navires corsaires: le caporal de prise, qui gouvernait le navire capturé jusqu'au port où il le vendait, et le surveillant de la frégate, qui contrôlait tout ce qui se passait pendant la traversée ainsi que le comportement de l'équipage, et qui empêchait de commettre des fraudes.48. Bayonne. © Joseba Urretabizkaia
49. Les corsaires gardaient leurs affaires dans une malle. Celle-ci appartenait à un corsaire et se trouve au Musée de Biarritz
© Joseba Urretabizkaia
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50. Corsaire basque
© Joseba Urretabizkaia
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Dans les navires plus simples, cet équipage était réduit aux postes indispensables.
La provenance des hommes d'équipage était locale ou zonale. Ils venaient parfois d'autres zones de la province et même d'ailleurs. Il y avait des étrangers, tels que des labourtins, des flamands et des irlandais, mais ce n'était pas habituel. Cependant il était fréquent que le pilote fut français, afin de pouvoir agir dans la zone française et parce que la plupart des marins basques étaient meilleurs aux cordages qu'au pilotage. La plulart ne comprenait pas le castillan, tandis que les marins plus expérimentés étaient bilingues. Leur extraction sociale était basse, et très peu savaient écrire.
La provenance des hommes d'équipage était locale ou zonale. Ils venaient parfois d'autres zones de la province et même d'ailleurs. Il y avait des étrangers, tels que des labourtins, des flamands et des irlandais, mais ce n'était pas habituel. Cependant il était fréquent que le pilote fut français, afin de pouvoir agir dans la zone française et parce que la plupart des marins basques étaient meilleurs aux cordages qu'au pilotage. La plulart ne comprenait pas le castillan, tandis que les marins plus expérimentés étaient bilingues. Leur extraction sociale était basse, et très peu savaient écrire.
La vie à bord
La vie quotidienne à bord de tout corsaire ou marin basque se déroulait de la façon suivante:Les marins vivaient sur le pont. Pendant la journée il y avait plusieurs quarts à faire, de quatre heures chacun. Le travail commençait à l'aube: nettoyer les ponts, raccommoder et hisser les voiles, grimper le long des mâts et assurer les cordages. Toutes les demi-heures un mousse annonçait l'heure, accompagnée d'un Pater et d'un Ave Maria. Le matin, le marin gardait le tapis ou la couverture où il avait dormi, étalait ses vêtements, se lavait dans un seau, prenait un petit déjeuner frugal (biscuits, quatre-quarts, aïl, fromage et quelques sardines grillées), écopait l'eau que la nef avait recueillie pendant la nuit et mettait de l'ordre dans sa malle ou son coffre. Celui-ci contenait les vêtements propres à tout corsaire ou marin: une chemisette en laine, une chemise, des chausses, un capuchon ou une cagoule, et peut-être une pélerine courte et un bonnet. Chacun était habillé à sa façon et seuls les marins basco-français connurent l'unifirme à partir du XVIIème siècle. Les capitaines et les officiers étaient plus élégants. Leurs besoins naturels étaient satisfaits directement dans la mer; pour ce faire, les marins s'accrochaient aux cordes du gréement ou de la planche qui était suspendue au-dessus des vagues et qu'ils appelaient "Komunak" ou "los jardines".
51. Jeu de cartes de la maison J. Barbot. Saint Sébastien, XVIIIème et XIXème siècles.
© Joseba Urretabizkaia
52. Les outils de cuisine utilisés à bord des nefs corsaires n'étaient pas très différents de ceux-ci.
© Joseba Urretabizkaia
© Joseba Urretabizkaia
Le seul repas chaud était celui de midi. A cet effet, un marin cuisinier avait la permission de faire les repas sur le pont dans d'énormes chaudrons en fer placés sur un brasier. La nourriture était abondante mais monotone. On utilisait de l'huile, de l'aïl, des haricots, des fèves, des pois chiches avec de la viande séchée ou boucanée, du lard, de la morue ou des sardines séchées, de la viande salée, du quatre-quarts ou des biscuits de farine de blé, le tout stocké dans la partie la plus sèche de la nef. Le miel remplaçait le sucre et le vin était rationné par homme et par jour car il était cher. Chacun recevait sa portion dans une écuelle en terre cuite ou dans une assiette en bois; une cuillère en bois et un poignard complétaient la vaisselle. On profitait de l'heure du repas pour faire un peu de tapage.
On dormait sur le pont, chacun dans son coin. Il n'y avait que le capitaine qui avait sa chambre à lui, et ce uniquement au cours des derniers siècles des équipées corsaires. Pas de lits, mais des hamacs.
Avant de faire les quarts pendant la nuit, l'on convoquait pour la prière. Un couple rituel résonnait ensuite toutes les demi-heures, et le timonier et la vigie étaient remplacés toutes les heures.
Le manque d'hygiène, l'entassement sur le pont et les repas monotones étaient d'excellents bouillons de culture pour les maladies. La mauvaise nutrition les rendait très peu résistants aux maladies, et le danger de périr d'une épidémie déclarée à bord était grand. Le scorbut, qui n'avait pas encore été découvert, et qui était dû au manque de vitamines, était la maladie la plus habituelle. Seuls les officiers avaient des provisions personnelles (figues, raisins secs, confitures, raisins,...) qui contenaient certaines doses des vitamines nécessaires. La syphilis fut une autre maladie très commune, qui sévit particulièrement au XVIème siècle. Le barbier était la personne à bord qui s'y connaissait le mieux pour soigner les malades. Une grande partie de son travail consistait à extraire des objets, à cicatriser et à cautériser des blessures et à coudre ou couper des membres. Le traitement se limitait aux saignées, aux médecines végétales..., et le trousseau était composé par un mortier, des espèces, un découpeur, des plantes médicinales et de l'eau-de-vie.
Avant de faire les quarts pendant la nuit, l'on convoquait pour la prière. Un couple rituel résonnait ensuite toutes les demi-heures, et le timonier et la vigie étaient remplacés toutes les heures.
Le manque d'hygiène, l'entassement sur le pont et les repas monotones étaient d'excellents bouillons de culture pour les maladies. La mauvaise nutrition les rendait très peu résistants aux maladies, et le danger de périr d'une épidémie déclarée à bord était grand. Le scorbut, qui n'avait pas encore été découvert, et qui était dû au manque de vitamines, était la maladie la plus habituelle. Seuls les officiers avaient des provisions personnelles (figues, raisins secs, confitures, raisins,...) qui contenaient certaines doses des vitamines nécessaires. La syphilis fut une autre maladie très commune, qui sévit particulièrement au XVIème siècle. Le barbier était la personne à bord qui s'y connaissait le mieux pour soigner les malades. Une grande partie de son travail consistait à extraire des objets, à cicatriser et à cautériser des blessures et à coudre ou couper des membres. Le traitement se limitait aux saignées, aux médecines végétales..., et le trousseau était composé par un mortier, des espèces, un découpeur, des plantes médicinales et de l'eau-de-vie.
La discipline et les prisonniers
A bord des vaisseaux corsaires basques, les marins ne pouvaient être condamnés à mort, aussi grave que fut leur faute. De sorte qu'étant libérés de la crainte des châtiments durs ou les plus extrêmes, les hommes d'équipage faisaient très souvent preuve d'une grande indiscipline. Il y avait cependant des punitions, comme le passage sous la coque, qui pouvait être assimilé parfois à la peine de mort. En contrepartie, les basco-français étaient plus durs aussi bien dans leurs coutumes que dans leus châtiments: le châtiment corporel et les rites d'initiation (attacher le nouveau au mât pour le frapper) subsistèrent malgré l'interdiction des autorités. L'assassin était attaché au cadavre de sa victime et était jeté par-dessus bord.Le traitement donné aux prisonniers était indulgent s'il s'agissait d'européens. Ceux qui n'avaient pas offert trop de résistance étaient liberés; on leur donnait des vivres mais on ôtait les biens à ceux qui avaient bien combattu. Le châtiment réservé aux ennemis qui avaient essayé de détruire leur propre vaisseau pendant le combat était la pendaison, bien que plus tard elle fut remplacée par les coups de fouet.
53. Gravure représentant un marin que l'on lance à la mer à plusieurs reprises depuis la plateforme de poupe; un autre que l'on passe sous la coque et un troisième dont la main a été clouée au mât avec un couteau.
© Joseba Urretabizkaia